Ciel et Terre

Débat sur le devenir de la filière photovoltaïque

Par Batipole Édition  Publié le 24 jan 2011

Ciel et Terre livre son opinion quant au positionnement de l'État sur le secteur du photovoltaïque.
Depuis 2006, Ciel et Terre est spécialiste de la production d'électricité photovoltaïque à grande ampleur au sol (> à 5Ha) et en toiture (> à 1000m²). L'entreprise prend en charge le projet photovoltaïque dans son ensemble allant de la conception, au financement, à l'installation et à l'exploitation.
Edito batipôle

Si une opération solaire au sol ou sur une toiture ancienne peut éventuellement être retardée, il n'en est pas de même pour des opérations où le toit solaire est prévu de longue date sur une usine neuve, une école ou un entrepôt en construction. Ces opérations se font dans le cadre de contrats où l'opérateur photovoltaïque prend à sa charge la totalité de la prestation "couverture". Si nous sommes défaillants : il n'y a pas de toit sur l'ouvrage !

 

Nous sommes, comme d'autres confrères, confrontés à des situations inextricables, où le chantier de construction étant bien avancé, nous nous trouvons obligés de renoncer, malgré les obligations contractuelles, à la mise en place du toit solaire : nous n'avons plus, du fait du décret assassin, ni client pour l'électricité, ni banque pour nous financer. Et il sera impossible de réparer les "pots cassés" à l'issue éventuelle du "moratoire" dans 3 mois, délai d'ailleurs très incertain.

 

De multiples procès vont s'ensuivre : nos clients contre nous; nous contre l'Etat et contre ERDF. 

Nos clients contre nous : en effet, nos clients ont un préjudice important. Qui va maintenant financer la toiture de ces usines ? Ce alors que les plans financiers sont bouclés depuis longtemps. Ces opérations ont mis quelque fois deux, voire trois ans à être montées. Et les retards de livraison des bâtiments en question peuvent avoir des conséquences lourdes sur toutes les parties, comme pour cette usine neuve de la région marseillaise, qui doit recevoir ses 300 employés en milieu d'année, et qui se retrouve maintenant sans toiture!

Nous contre l'Etat : le décret, avec sa rétroactivité, est manifestement illégal. Contre ERDF : la société ERDF est en faute tout aussi manifeste, pour n'avoir pas respecté les règles qu'elle impose elle-même avec tant de vigueur aux opérateurs photovoltaïques. Elle devait, réglementairement et contractuellement, renvoyer dans les 3 mois la "PTF", proposition de contrat de raccordement. Or, pour de très nombreux projets, ce délai n'a pas été respecté, volontairement ou non. L'Etat sera sans nul doute sanctionné par la justice pour sa gestion inepte et illégale du secteur. Mais qui sera encore là quand justice sera faite ?

 

L'Etat s'est véritablement comporté en "casseur" de la filière photovoltaïque, sous prétexte d'une prétendue surchauffe*. La filière est d'abord cassée par disparition programmée de nombreux opérateurs moyens et petits, qui ont eu le tort de croire en la parole de l'Etat. Mais plus grave encore, la filière française est définitivement brisée par la disparition durable de la confiance dans les engagements de l'Etat. Investisseurs, et surtout banquiers, ne vont plus regarder sans une grande méfiance les projets présentés. Qui peut croire que la prochaine réglementation issue de la prétendue concertation durera plus que les précédentes ? Déjà aujourd'hui, les banques, déjà très prudentes, s’apprêtent à quitter ce marché. Les investisseurs étrangers, qui étaient prêt à investir en France (et donc à payer ces panneaux honteusement importés !) vont chercher des terrains d'investissement plus fiables.

 

A qui profitera cet assassinat des opérateurs, taxés d'être des spéculateurs ? 

D'abord, aux spéculateurs, justement ! Aux vrais, ce qui n'ont rien investi, et qui, maintenant, sortent de l'ombre, pour racheter à vil prix  les projets des petits opérateurs devenus in-finançables.

Aussi, à une ou deux très grandes entreprises, très proches d'EDF et des services de l'Etat, qui ont su bien avancer leurs pions, dans une concurrence inégale, et qui auront maintenant le champ libre.

Enfin, à la filière nucléaire bien sûr, qui va pouvoir se réserver tout le potentiel politique de hausse du prix du kWh, dont elle a tant besoin pour financer la rénovation des vieilles centrales, le coût vertigineux des EPR, et peut- être enfin les provisions de démantèlement gigantesques. Sans oublier le financement des 44 milliards d'euros de dette d'EDF.

 

*La France aura installé fin 2010, au total cumulé, environ 900 MWc, soit le dixième de ce que l'Allemagne aura installé au cours de la seule année 2010 !

 

CIEL ET TERRE en Bref : Depuis 2006, Ciel et Terre conçoit, exploite et développe en France et à la Réunion des centrales solaires photovoltaïques en toitures industrielles de grande taille - plus de 2 000m² - et au sol - dédiées à la production d’énergie propre. C’est aujourd’hui plus de 80 000m² de toitures installés, soit une puissance de 15 MWc.    www.ciel-et-terre.net